PYTHAGORE
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Pythagore de Samos est souvent présenté
comme le premier vrai mathématicien de l’histoire. Bien que
représentant un personnage clef de cette discipline, on ne
connaît pratiquement rien des travaux qu’il a effectivement
réalisés puisqu’il ne subsiste aucune trace de ses
écrits. Il est d’autant plus difficile de se faire une opinion
que le personnage évoluait à la limite entre le
scientifique et le religieux, s’entourant de secret et cultivant le
mystère.
Certains de ses
biographes en font même un personnage d’essence divine. Ne
prétendit-il pas lui même que son nom signifiait
« annoncé par la Pythie ». Si les
historiens reconnaissent une assez bonne concordance entre les moments
essentiels de sa vie, ils ne parviennent pas à se mettre
d’accord sur les dates qui peuvent différer parfois de plus de
20 ans… Et, à la limite, il arrive même qu’on en vienne
à considérer le personnage et sa vie comme une simple
légende.
Pythagore naquit à Samos. Sa mère s’appelait Pythais et
son père Mnesarchus. Son père n’aurait pas
été Samien d’origine. Il se serait agi d’un
négociant (peut être un joaillier) de Tyr qui, ayant
approvisionné Samos en maïs au cours d’une famine, en
aurait été nommé citoyen d’honneur à titre
de remerciement. Il est probable qu’il ait eu deux frères, et
peut être trois.
Il passa sa jeunesse, dont on connaît peu de choses,
à Samos, Grâce à quelques recommandations de son
oncle Zoïlos, il bénéficia de l’enseignement gratuit
du grand Phérékydes qui, à ce que rapportent
certaines légendes, lui aurait essentiellement appris à
réaliser des « miracles ». En fait, il
voyagea beaucoup en compagnie de son père. Il aurait même
passé beaucoup de temps à Tyr où il aurait suivi
l’enseignement des érudits syriens et chaldéens relatifs
aux mystères de Byblos. Il poursuivit sa route jusqu’au mont
Carmel où il enrichit encore ses connaissances. Il semble
même qu’il ait visité l’Italie, toujours en compagnie de
son père. On a aucune idée de ce à quoi il pouvait
ressembler physiquement, les descriptions fournies ne semblent pas le
moins du monde crédibles. La légende qui l’entoure a fait
écrire à certains (qui ne l’ont jamais vu) qu’il avait
« un aspect majestueux, la face resplendissante, la
chevelure ondoyante, qu’il s’enveloppait d’un manteau blanc et que de
tout son être émanait une douceur affable ».
Toutefois, de nombreuses sources font état à son sujet
d’un détail particulier : Il aurait possédé
une marque de naissance typique sur la cuisse ! (Selon Elien de
Préneste, ce serait au théâtre d’Olympie que
Pythagore aurait montré au public « sa cuisse
d’or »). Encore un élément susceptible
d’accréditer son essence divine ? ? ?
A 18 ans, il se rendit à Olympie pour participer aux
célèbres jeux où il gagna tous les combats de
pugilat.
Son éducation de
base porta surtout sur les disciplines littéraires et
artistiques. Il apprit la poésie, en particulier l’œuvre
d’Homère, et la pratique de la lyre qui était très
utilisée comme instrument d’accompagnement des récits
épiques « chantés ».
Comme professeurs, il
eut trois philosophes qui l’influencèrent beaucoup. Le plus
marquant fut Pherekydes, mais il aurait aussi été
l’élève de Thalès
et d’Anaximandre
qui l’initièrent aux Mathématiques.
Il semblerait qu’il se rendit à Milet quand il avait 18 ou 20 ans
et que c’est là qu’il rencontra Thalès
alors très âgé. Le vieux maître fit sur lui
une très forte impression, même si Pythagore ne fut pas
très longtemps son élève, Thalès
provoqua son intérêt pour les Mathématiques et
l’Astronomie et surtout, il lui conseilla de se rendre en Egypte pour
étudier ces disciplines « à la
source ». Anaximandre,
élève de Thalès
enseignait au même moment à Milet et ses idées dans
le domaine de la Géométrie et de la Cosmologie
influencèrent aussi Pythagore.
Vers
535 av. J.C., Pythagore partit pour l’Egypte. Cela se produisit peu de
temps après que Polycrates se soit institué Tyran de
Samos. Au début, les rapports entre les deux hommes furent des
plus cordiaux. On prétend même que Polycrates qui avait
à cette époque signé une alliance avec l’Egypte,
lui aurait fourni les lettres d’introduction nécessaires
à son voyage. En Egypte, Pythagore visita beaucoup de temples et
discuta beaucoup avec les prêtres, mais il semblerait que
l’accès des lieux saints lui ait toujours été
refusé…
Muni de ses belles recommandations qui
lui avaient permis de s’introduire auprès du Pharaon Amasis,
Pythagore se rendit d’abord à Héliopolis où il
tenta de circonvenir les prêtres en leur offrant une superbe
coupe en argent. Très adroitement, le clergé
héliopolitain se déclara « indigne d’un
élève aussi illustre » et lui conseilla
hypocritement de se rendre auprès des vénérables
prêtres de Memphis dont le Savoir était bien plus complet
et plus ancien. Arrivé à Memphis, et sous le même
prétexte, le clergé du lieu le renvoya vers les
prêtres de Thèbes… lesquels n’ayant plus personne à
qui l’expédier décidèrent de le soumettre à
toute une série d’épreuves toutes plus redoutables les
unes que les autres.
Pythagore aurait surmonté brillamment
tous les obstacles il aurait même été
intronisé dans le sacerdoce après avoir satisfait aux
rites nécessaires à son admission. Il aurait, à
cette occasion, appris la langue sacré du clergé
égyptien et pu ainsi accéder à de très
vieux documents d’archives. D’ailleurs, il est très facile de
constater que beaucoup des croyances et des cérémonials
qu’il imposera par la suite à ses élèves se
pratiquaient depuis longtemps dans les temples de la vallée du
Nil. Par exemple, le goût « maladif » du
secret, l’interdiction de manger des haricots (?) ou de porter des
vêtements faits d’une matière d’origine animale (il y a
tout lieu de s’interroger sur ce dernier point puisqu’un des signes
distinctifs des grands prêtres égyptiens consistait
à porter une peau de panthère sur les épaules) et
surtout de rechercher la pureté du corps et de l’âme…
En
Géométrie, Pythagore perfectionna auprès des
prêtres égyptiens les connaissances qu’il avait
commencées d’acquérir auprès de Thalès et
d’Anaximandre.
En 525 av. J.C., Cambyses II, Roi des Perses, envahit
l’Egypte. Polycrates avait abandonné son alliance avec ce pays,
il avait même fourni à Cambyses 40 vaisseaux pour
renforcer la flotte perse. Une fois que Cambyses eut remporté la
victoire à Pelusium et pris Héliopolis et Memphis,
Pythagore se retrouva prisonnier des Perses et conduit à
Babylone. Heureusement, il put y lier des relations étroites
avec plusieurs personnages importants, en particulier des
prêtres, et avoir ainsi accès à tout un
enseignement « religieux » qui constituait en
fait le réservoir de pratiquement toutes les connaissances
importantes de l’époque dans des domaines aussi variés
que l’Arithmétique, la Géométrie, l’Astronomie, la
Cosmographie, la Médecine … Cette captivité se
révéla essentielle pour la suite de ses travaux. Il
aurait remarqué que les mathématiques égyptiennes
et babyloniennes n’étaient que des
« recettes »… qui fonctionnaient, et qui, de
fait, étaient transmises de générations en
générations sans que personne ne s’interroge vraiment sur
la logique et les lois régissant les mécanismes
utilisés. Peut être parce qu’Egyptiens et Babyloniens ne
considéraient les mathématiques que comme des outils
nécessaires à solutionner des situations très
pratiques et très terre à terre. Et pourtant, ces deux
peuples avaient largement dépassé le simple calcul
élémentaire et étaient capables de résoudre
des problèmes fort complexes.
Ses
pérégrinations auraient duré une quarantaine
d’années et certains vont même jusqu’à
prétendre qu’il serait allé jusqu’en Inde (à
l’Est) et jusqu’en Bretagne (à l’Ouest) ? ? ?.
Certaines sources rapportent même qu’il aurait rencontré
le grand Zarathoustra tandis qu’il parcourait la Perse. Toujours est-il
que vers 520 av. J.C., sans que l’on sache comment il l’obtint,
Pythagore retrouva sa liberté et put regagner Samos où,
d’après certains, Polycrate aurait été
éliminé depuis déjà deux ans, l’île
étant passée sous le contrôle de Darius. Mais,
selon Diogène Laertius, Polycrate aurait toujours
été là et aurait même engagé
Pythagore comme précepteur de son fils. Toujours est-il que
Pythagore regagna son île natale la tête remplie
d’une moisson considérable de connaissances (il aurait
réussi à assimiler tout le savoir mathématique de
son temps) et surtout pleine de conceptions
« philosophiques » bien arrêtées.
Ces idées l’amenèrent à s’opposer au Tyran local.
Sa patrie natale n’était plus telle qu’il l’avait
quittée. Polycrates en avait fait une
« nation » intolérante et conservatrice.
Pythagore refusa de s’installer à la cour du Tyran et il
préféra se réfugier dans une caverne où il
passa presque tout son temps à philosopher et à
rechercher comment les Mathématiques pouvaient expliquer le
monde. Mais rapidement, la solitude commença à lui peser.
Il
eut alors l’idée de proposer de l'argent à un
garçon (dont le nom, selon quelques historiens, aurait
également été Pythagore) pour qu'il devînt
son élève. Ainsi, Pythagore le maître payait
Pythagore l'élève trois oboles par leçon et, au
bout de quelques semaines, le premier se
rendit vite compte de l'enthousiasme manifesté par le second.
Pour mesurer son succès, Pythagore prétendit manquer de moyens financiers pour continuer ainsi. Le
garçon proposa alors de payer pour son éducation plutôt que de l'interrompre.
L'élève était devenu un disciple. Ce fut
malheureusement la seule conversion effectuée
par Pythagore à Samos.
Mais
les notions de réforme sociale qu’il défendait
étant trop « subversives », Polycrates
préféra le chasser de l’île en compagnie de sa
mère et de son unique disciple plutôt que de le laisser y
développer une école.
Il se serait
alors rendu en Crête pour y étudier la législation
et il aurait même fondé à l’intérieur de
l’île une école baptisée
« l’Hémicycle ». A la mort de Polycrates,
il serait revenu à Samos, mais les choses ne se passèrent
pas mieux.
Vers 518 av. J.C., il
quitta Samos pour la Grande Grèce (Italie du Sud). Les raisons
de son départ sont confuses. Lui même prétendit que
les Samiens étaient des gens trop rustres pour profiter
pleinement de la qualité supérieure de son enseignement…
mais il semblerait qu’il se soit mis le peuple à dos avec ses
conceptions intransigeantes… ou qu’il ait tout simplement voulu fuir
ses responsabilités de citoyen… Certains prétendent qu’il
aurait gagné la Grèce continentale pour essayer de
s’établir près de Delphes. Ne se prenait-il pas alors
pour le fils d’Apollon… voire même la réincarnation de ce
Dieu ! Le clergé établi à Delphes vit d’un
très mauvais œil l’installation de ce trublion concurrent et le
chassa.. Toutefois, rien ne vient corroborer ces assertions.
En
désespoir de cause, il finit par aboutir en Grande Grèce
(Italie du Sud). Il débarqua à Sybaris et gagna Crotone
où il fonda son école, véritable secte,
baptisée « Mathématikoi ».. On dit
qu’il y aurait vécu aux crochets du célèbre Milon de Crotone, champion olympique toutes
catégories (couronné douze fois à
différents jeux) mais à l’intellect plus que
réduit.
Dans la sécurité de sa nouvelle installation, Pythagore
fonda la Fraternité pythagoricienne, un groupe qui compta 218
(certains avance le nombre de 600..!) pythagoriciens dont Philolaos
et Hyppase
de Métaponte. Cette école pythagoricienne
durera près de 150 ans.
L'élève favorite de
Pythagore était la propre fille de Milon,
la belle Théano, et en dépit de leur différence
d'âge, ils finirent par se marier.
Son école était une
véritable « secte » à
l’intérieur de laquelle les membres devaient suivre des
règles très strictes et parfois
« étonnantes », c’est le moins que l’on
puisse dire :
Ne pas manger de fèves (?).
Ne pas rompre le pain.
Ne pas tisonner le feu avec un couteau.
Ne pas toucher un coq blanc (?).
Ne pas manger de cœur.
Ne pas se regarder dans une glace près d’une lampe.
En se levant, ne pas laisser l’empreinte de son corps sur le lit.
Effacer les traces de la marmite dans les cendres.
…..
Ne pas manger de fèves (?).
Ne pas rompre le pain.
Ne pas tisonner le feu avec un couteau.
Ne pas toucher un coq blanc (?).
Ne pas manger de cœur.
Ne pas se regarder dans une glace près d’une lampe.
En se levant, ne pas laisser l’empreinte de son corps sur le lit.
Effacer les traces de la marmite dans les cendres.
…..
Lorsqu’il adhérait à la
« fraternité », chaque disciple devait
faire don de toutes ses possessions à un « fond
commun ». Par contre, quand il la quittait (?), il recevait
le double de ce qu’il avait offert en arrivant et on érigeait
une stèle à sa mémoire… Mais on ne connaît
aucun disciple qui soit parti dans de telles conditions ! Les
disciples devaient donc vivre dans l’enceinte de l’école, ne
posséder aucun bien personnel et être
végétariens. Si l’un d’eux venait à faire une
découverte, il devait en faire « cadeau »
à Pythagore qui s’en attribuait la paternité.
Pythagore se chargeait aussi de tester
les candidats à son enseignement. Il commençait par
observer si le postulant était capable, selon sa propre
expression, de « tenir sa langue ». Pouvait-il se
taire et garder pour lui tout ce qu’il avait entendu pendant les
séances d’enseignement ? La salle de cours était
partagée en deux par un rideau. Pythagore se trouvait d’un
côté, les postulants se trouvaient de l’autre. Ils
n’avaient donc accès qu’à un enseignement oral.
L’épreuve durait cinq ans pendant lesquels ils n’avaient pas le
droit de prendre la parole… même pas pour poser une
question ! Ce rideau avait une extrême importance dans la
vie de l’école puisqu’il partageait les disciples en deux
catégories bien distinctes : Du côté du
Maître ceux qu’on appelait les
« Esotériques » et de l’autre les
« Exotériques ».
Les textes rédigés par
les Pythagoriciens étaient soumis au secret le plus absolu et
afin qu’il n’y ait pas de « fuite », ils
étaient rédigés dans un langage à double
sens qui n’était compréhensible que par les seuls
initiés. Ils étaient remplis de Sumbola (symboles)
et d’Ainigmata (énigmes). La plupart des connaissances se
transmettaient en fait de bouche à oreille et cela donnait lieu
à une deuxième distinction parmi les
élèves. Il y avait les
« Acousmaticiens » dont le chef était Hyppase
(de Métaponte) et qui n’avaient droit qu’aux
« résultats » mais pas aux
« démonstrations »… et les
« Mathématiciens » sous la
responsabilité de Pythagore lui-même, à qui on
transmettait « ET les résultats ET les
démonstrations ». Etant donné le
caractère essentiellement oral de l’enseignement, tous les
membres de la fraternité devaient s’exercer à
développer leur mémoire. Par exemple, chaque matin, ils
commençaient la séance de travail en se remémorant
tous les évènements de la veille.
Pythagore lui même avait édicté des préceptes très strictes :
-Croyance en la nature « mathématique » de tout ce qui existait dans l’Univers. -Purification spirituelle de l’Ame par la Philosophie.
-Possibilité pour l’Ame de s’unir au Divin.
-Signification mystique de certains symboles ou figures géométriques.
-Obligation pour les élèves d’être fidèles au maître et de respecter le secret absolu sur les enseignements pratiqués.
Pythagore lui même avait édicté des préceptes très strictes :
-Croyance en la nature « mathématique » de tout ce qui existait dans l’Univers. -Purification spirituelle de l’Ame par la Philosophie.
-Possibilité pour l’Ame de s’unir au Divin.
-Signification mystique de certains symboles ou figures géométriques.
-Obligation pour les élèves d’être fidèles au maître et de respecter le secret absolu sur les enseignements pratiqués.
-Interdiction de contredire le
Maître. D’ailleurs, Pythagore commençait chacun de ses
discours par cette phrase très révélatrice du
personnage et de son « enseignement » :
« Par l’Air que je respire, par l’Eau que je bois, je ne
supporterai aucune objection sur ce que je vais
dire ! ».
L’école
acceptait aussi bien les hommes que les femmes. Il y avait même
des élèves « externes ». Ces
derniers n’assistaient aux cours que dans la journée. Ils
continuaient à vivre en ville dans leurs maisons et
n’étaient pas tenus d’être végétariens.
De l’enseignement réel
dispensé par Pythagore et des travaux qu’il a vraiment
accomplis, on ne sait absolument rien. La manie du secret et le fait
que toutes les découvertes devaient être
considérées comme communautaires, voire attribuées
au Maître, empêchent d’en connaître les réels
auteurs. Nul doute que cette école apporta une contribution
importante au progrès des mathématiques, mais il ne faut
jamais perdre du vue que le but de Pythagore ne fut jamais
d’établir des théorèmes basés sur des
démonstrations. Sa quête consistait simplement à
tenter d’expliquer l’Ordre du Monde par les grandes lois
mathématiques régissant les figures
géométriques ou les nombres. Et il est très
difficile de nos jours, pour nous qui considérons les
Mathématiques comme une abstraction pure, de comprendre ce
qu’elles représentaient vraiment pour Pythagore et les
Pythagoriciens.
Pour Pythagore,
« chaque chose étant un
nombre », il appliqua tout naturellement ses conceptions
à des domaines tels que la Géométrie, l’Astronomie
et la Musique. Excellent musicien, il contribua beaucoup à la
théorie mathématique des harmoniques… mais ne manqua pas
non plus d’utiliser la musique comme moyen thérapeutique pour
guérir (?) certaines maladies. Pour lui, l’ordre des cieux
s’exprimait par une gamme musicale, ce qu’il appela « la
musique des sphères », et pour exprimer cet ordre et
cette beauté, il inventa un mot nouveau :
« COSMOS »
Dans le domaine de la
numération, il se passionna pour les particularités des
nombres, nombres pairs et impairs, nombres triangulaires, nombres
parfaits… Pour lui, les nombres avaient une personnalité, ils
pouvaient être masculins ou féminins, parfaits ou
inachevés, beaux ou laids… Pour lui, 10 était le nombre
par excellence puisque formé de la somme des quatre premiers
entiers : [1+2+3+4=10] et ces quatre nombres écrits sous
forme de points formaient en plus un triangle parfait !
*
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Si aujourd’hui Pythagore est
universellement célèbre, c’est uniquement en raison de
son célèbre théorème. Mais ce
théorème sous sa forme pythagoricienne, c’est à
dire reconnu comme s’appliquant uniquement à certains cas
particuliers, était connu depuis plus de 2000 ans par les
Mésopotamiens et les Egyptiens…(Une tablette d’argile
référencée Plimpton 322,
conservée au Columbia Institute et portant des caractères
cunéiformes le prouve de façon irréfutable… et
tout le monde sait que les Egyptiens utilisaient la corde à 13 nœuds qui
matérialise le cas particulier du triangle [3-4-5 ], pour
tracer des angles droits). Or Pythagore
séjourna de nombreuses années dans les pays de ces deux
peuples !
Peut être
aurait-il été le premier à en fournir un
début de démonstration générale, mais rien
n’est moins sûr. En fait, il y a tout lieu de croire qu’il faudra
attendre Euclide pour que soit enfin fournie une véritable
démonstration du « carré de
l’hypoténuse ». En tout état de cause, le
théorème célébrissime ne fut pas
rédigé sous la forme où nous le connaissons. Il
devait certainement être exprimé ainsi :
Si on construit un
carré à partir de chacun des côtés d’un
triangle rectangle, la surface du grand carré est égale
à la somme des surfaces des deux petits ».
Apollodore raconte que lorsque
Pythagore découvrit son théorème, de joie, il
sacrifia cent bœufs aux Dieux, une véritable
« hécatombe ». Toutefois, cette anecdote
paraît bien douteuse dans la mesure où Pythagore
interdisait à ses disciples de manger de la viande et de tuer
des animaux puisque, selon sa théorie de la métempsycose,
ces derniers pouvaient être la réincarnation d’un humain.
On attribue aussi à Pythagore
la découverte de nombreux théorèmes de
géométrie tels:
La somme des angles d’un triangle est
égale à deux angles droits.
Si un polygone possède n
côtés, la somme de ses angles intérieurs est
égale à autant de fois deux droits que de
côtés moins deux (généralisation du
théorème précédent… qui fut aussi
étendu aux angles extérieurs de la figure).
En ce qui concerne la
découverte des nombres irrationnels, les avis sont plus
partagés. Est-elle attribuable à Pythagore ou à
ses élèves ? Peut-être même eut-elle
lieu après sa mort ? En effet, pour Pythagore, TOUT
étant nombre, on voit mal comment il aurait pu concilier des
grandeurs non exprimables par des nombres avec sa philosophie. Certains
disent qu’il aurait résolu ce dilemme de la façon la plus
simple qui soit : Plutôt que de remettre en cause ses
conceptions, il préféra garder secrète la
découverte des irrationnels. Heureusement, il y eut un
« traître » parmi ses
élèves : Hyppase
de Métaponte qui révéla au monde l’existence de
ces nombres maudits.
Pythagore
aurait eu l’intuition de l’existence des cinq solides réguliers
inscriptibles dans la sphère… mais ne serait parvenu à
construire que les trois premiers (tétraèdre, cube et
octaèdre).
Dans le domaine de l’Astronomie,
il fut certainement un des premiers, sinon le premier, à
affirmer que la Terre était une sphère ne reposant sur
rien ! Mais cette conception était plus
philosophico-artistique que fondée sur une démarche
scientifique. En effet, pour Pythagore, la sphère était
la forme parfaite ? Comme la Terre avait été
créée par les Dieux, elle ne pouvait être que
parfaite… donc sphérique elle aussi. C.Q.F.D. On murmure
même qu’il aurait prétendu qu’elle tournait sur
elle-même en un jour de 24 heures et autour du Soleil en un an !
Toujours est-il que les Pythagoriciens (et peut-être Pythagore
lui même) furent les premiers à enlever la Terre du centre
de l’Univers pour lui substituer un « Feu
Central » qu’ils appelaient « La mère des
Dieux ». Autour de ce Feu Central parfaitement
indéfini tournaient 10 corps célestes : la Terre, la
Lune, Le Soleil, les cinq Planètes (Mercure, Vénus, Mars,
Jupiter, Saturne), le Ciel des Etoiles fixes… et, pour atteindre le
nombre magnifique de 10, une ANTITERRE, autrement
dit une Planète identique à la nôtre, circulant sur
la même orbite mais située de façon
diamétralement opposée à notre Terre par rapport
au Feu Central…. Si bien que toujours invisible pour nous.
Ces dix corps célestes
parcouraient des orbites circulaires en produisant une musique
très douce baptisée « harmonie des
Sphères ».
Il constata aussi que l’orbite de la Lune
était incliné rapport à l’équateur
céleste et montra que la planète Vénus
était le même astre que l’Etoile du Matin (étoile
du berger pour nous).
Outre ces approches à caractère
scientifique, Pythagore développa aussi un important
enseignement philosophique. Il aurait même été le
créateur du mot « philosophie » ».
L’anecdote est la suivante : Un jour
Léon, tyran de Phlionte lui aurait demandé:
« Qui es-tu ? »,et Pythagore de
répondre : « Je suis un
Philosophe ! » c’est à dire un
« amoureux de la sagesse. Le mot était né.
Pour lui, la dynamique du monde relevait de
l’interaction des contraires ou de paires d’éléments
opposés. L’Ame avait une existence propre, indépendante
du corps auquel elle était rattachée pendant la vie.
Ainsi, elle pouvait se réincarner successivement dans plusieurs
organismes ou individus jusqu’à atteindre la pureté
parfaite… en particulier en suivant l’enseignement du Maître de
façon rigoureuse. La métempsycose constituait un des
fondements de sa doctrine.
Lui même prétendait d’ailleurs
avoir vécu quatre vies antérieures : Il aurait
d’abord été un certain Aetalide, puis Euphorbe sous la
forme duquel il aurait été blessé pendant la
guerre de Troie par le Roi Ménélas, puis Hermotime qui,
comme preuve de l’existence précédente aurait même
reconnu dans un temple le bouclier de Ménélas… et enfin
Pyrrhos, un simple pêcheur de l’île de Délos.
Il considérait que tout ce qui existait
était constitué de « formes » et
non pas de substances matérielles (?)
Enfin, il
aurait identifié le cerveau comme siège de l’Ame.
Plus étrange, certains
attribuent au Maître des événement extraordinaires,
voire complètement surnaturels :
D’une seule morsure, il aurait tué un serpent venimeux.
Pendant plusieurs années, il se serait entretenu avec une ourse.
Il aurait persuadé une génisse de ne plus manger de fèves.
Il aurait caressé un aigle blanc descendu du ciel pour le saluer.
Il aurait été vu au même moment à Crotone et à Métaponte.
…..
D’une seule morsure, il aurait tué un serpent venimeux.
Pendant plusieurs années, il se serait entretenu avec une ourse.
Il aurait persuadé une génisse de ne plus manger de fèves.
Il aurait caressé un aigle blanc descendu du ciel pour le saluer.
Il aurait été vu au même moment à Crotone et à Métaponte.
…..
A tel point que certains
disaient : « Les natures de l’Univers sont au nombre de
trois : celles des Dieux, celles des mortels et celle de
Pythagore ! »
D’un point
de vue moral, Pythagore et les Pythagoriciens étaient
réputés pour leur honnêteté et leur
fidélité mutuelle.
En 513 av. J.C., Pythagore dut se rendre
à Délos pour s’occuper d’un de ses vieux professeurs,
Pherekydes, qui s’y mourait. Il y resta jusqu’à la mort du vieil
homme.
Bien que souhaitant rester hors de la vie
publique la société pythagoricienne eut à subir
les contrecoups de l’évolution politique.
En 510 av. J.C., Crotone fut attaquée
et occupée par les habitants de Sybaris et il y a tout lieu de
penser que Pythagore fut impliqué dans le conflit .
Vers 508 av. J.C., l’école
pythagoricienne fut attaquée par Cylon, un notable de Crotone et
Pythagore dut s’exiler à Métaponte. Certains historiens
prétendent qu’il y serait mort après s’être
suicidé.
Mais il existe bien d’autres versions de la
fin du personnage. Celle ci par exemple : Les nouvelles des
succès de la Fraternité se répandirent mais la
teneur des découvertes restait jalousement gardée. Il y
avait beaucoup de candidats pour tenter d’accéder au
Saint des Saints du savoir mais on n'y acceptait que
les esprits les plus brillants. L'un des recalés fut Cylon. Il
s'en offensa et se vengea vingt ans plus tard. Lors de la 67ième
Olympiade, en 510 avant notre ère, une révolte
éclata dans la cité voisine de Sybaris. Telys, le meneur
de la révolte, entreprit des persécutions barbares contre
les partisans du gouvernement précédent, ce qui poussa
plusieurs d'entre eux à se réfugier à Crotone.
Telys demanda que les traîtres fussent expulsés vers
Sybaris pour y subir leur châtiment, mais Milon et Pythagore convainquirent les
citoyens de Crotone de résister au tyran. Après soixante
dix jours de guerre, Milon et ses 100
000 citoyens armés remportèrent la victoire face à
Telys et à ses 300 000 hommes.
Cependant, après
la guerre, Crotone se divisa sur le partage du butin. Craignant que les
terres ne fussent données aux pythagoriciens, le peuple de
Crotone fronda. Les choses s'envenimèrent quand Cylon, se
présenta comme la voix du peuple. Attisant la peur et l'envie de
la foule, il lança la populace à l'assaut de la
Fraternité et provoqua la destruction de la plus brillante
école de mathématiques jamais vue. Les bâtiments
furent incendiés et plusieurs des Pythagoriciens y
périrent…sauf Pythagore qui se serait alors
réfugié à Métaponte où il aurait
terminé paisiblement ses jours. Mais d’autres encore
prétendent que l’attaque de Cylon ne fut qu’une petite
escarmouche et que Pythagore put revenir vivre à Crotone…
Si l’on accepte le fait que Pythagore serait
mort à l’âge avancé de 100 ans, il faut bien
admettre qu’il ait pu revenir finir ses jours à Crotone… surtout
que plusieurs sources prétendent
qu’il fut le Maître d’Empédocle
et que pour ce faire, il dut vivre largement au delà de 480
av ? J.C.
Le lieu exact et la date réelle de sa
mort resteront définitivement mystérieux.
Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que
dès 500 av. J.C., l’école pythagoricienne connut un
développement considérable. Elle essaima à travers
le monde grec et se divisa en de nombreuses factions affichant des
ambitions politiques très marquées. En 460 av .
J.C., l’école eut à subir de violentes attaques qui
connurent des issues dramatiques, ses salles de réunions
étant saccagées et brûlées un peu partout
dans le pays. Ceux qui parvinrent à s’échapper se
réfugièrent à Thèbes et dans d’autres
villes où ils poursuivirent les travaux du Maître en
répandant à travers le monde antique leur
« Evangile Mathématique ».
Les grandes conceptions de Pythagore,
personnage très contestable, aussi bien dans son comportement
que dans ses idées, pourraient se résumer en deux
phrases :
L’Univers est Nombres !»
« Le Maître l’a
dit ! »… avec interdiction de contester.
Heureusement,
beaucoup des ses élèves et successeurs, les
Pythagoriciens, auront une bien meilleure ouverture d’esprit et
apporteront au savoir universel des connaissances primordiales !
par Sabine Alarcon